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Baba Yaga, la sorcière de tous les contes...

  • apollinepetitjean
  • 21 avr. 2024
  • 4 min de lecture

« Même les sorcières inquiétantes, celle de Hansel et Gretel ou celle de la rue Mouffetard, ou la babayaga des contes russes, tapie dans son isba juchée sur des pattes de poulet, m’ont toujours inspiré plus d’excitation que de répulsion. Elles fouettaient l’imagination, procuraient des frissons de frayeur délicieuse, donnaient le sens de l’aventure, ouvraient sur un autre monde », écrit Mona Chollet dans l’introduction de Sorcières.


 Baba Yaga, sorcière des contes slaves 


Dans le folklore et la culture slave (russe notamment), la Baba Yaga est la figure féminine la plus célèbre. Les différentes histoires et représentations ne manquent pas à son sujet. C’est un personnage fascinant qui est à l’origine de plusieurs interprétations allant de la déesse de la nature, de la vie ou de la mort, à une sorcière cannibale mangeuse d’enfants reclus au fin fond de la forêt. 

Le terme « Baba » signifie en russe selon les différentes représentations du personnage, « grand-mère », « sorcière » ou encore « sage-femme ». C’est un diminutif utilisé la plupart du temps par les enfants. En revanche, l’étymologie de « Yaga » demeure encore incertaine et pourrait signifier « serpent », ce qui ferait du personnage de Baba Yaga  une « femme sorcière serpent ». 

À travers les différents contes et les époques, la Baba Yaga devient une sorcière monstrueuse, loin de la gardienne du royaume des morts ou de la maîtresse inoffensives des animaux. 


Sans grande surprise, la Baba Yaga des contes russes est décrite comme une vieille femme laide, dont l’une des jambes n’est plus constituée que d’os (elle se déplace à bord d’un mortier). L’une des versions les plus répandues est celle de la sorcière cannibale, qui ravit les enfants (souvent des petits garçons) afin de les cuire dans son four et de les manger. Elle est surtout célèbre pour son rôle au sein du conte de Vassilissa la très belle qui détient tous les éléments majeures des contes pour enfants : une mégère qui cherche à se débarrasser de la fille de son mari, et une sorcière maléfique dangereuse pour parvenir à ses fins.


★ Baba Yaga et féminisme, des domaines antinomiques ? 


Il semble qu’à l’origine, le mythe de la Baba Yaga ne faisait d’elle le personnage cruel et maléfique qu’on connait aujourd’hui. Pour comprendre ce que théorise l’historienne Magdalena Cabaj dans un article intitulé  « Baba Yaga pourra-t-elle jamais être belle et bonne ? », il faut revenir aux théories du célèbre folkloriste russe (l’étude du folklore, c’est à dire des traditions populaires) Vladimir Propp. 

Si l’une de ses jambes n’est plus constituée que d’os, c’est que la Baba Yaga est elle-même morte. Ainsi, sa maison minuscule sans fenêtre ferait d’après Propp référence à un cercueil, et se situe à la lisière d’une forêt. La vieille femme serait donc la gardienne du royaume des morts, aidant les âmes perdues chez les vivants à rejoindre l’au delà. Une autre version très ancienne ferait du personnage, non plus une sorcière mangeuse de petits garçons mais une déesse de la nature et de la forêt qui aurait été désacralisée au moment de l’invention des contes pour enfant. Elle aurait dans cette version, des pouvoirs sur les animaux qui lui permettaient de communiquer avec eux et avec la nature elle-même. 

Plus que ça, il existe une version rarement connue de la Baba Yaga la présentant comme une figure bienveillante et protectrice plutôt que maléfique. Dans certaines traditions slaves, elle est décrite comme une gardienne de la sagesse ancienne et une conseillère des âmes égarées, offrant des épreuves initiatiques pour aider les héros à se développer et à trouver leur chemin.


Mais comme dit précédemment, ces versions sont loins d’être celles retenues lorsque l’on pense à la Baba Yaga. On pense plus communément à la figure laide et terrifiante de la sorcière qui prend place dans le conte de Vassilissa la très belle par exemple. 

Les plus récentes lectures, d’historienne notamment, réhabilitent la figure de la sorcière Baba Yaga, et laissent cours à diverses interprétations sur le lien qu’entretiendraient Baba Yaga, Matriarcat et une forme de féminisme. Si la Baba Yaga vit dans certaines versions avec ses filles, elle n’est jamais accompagnée d’un homme. Elle vivrait ainsi, seule et recluse avec ses filles, prêtes à dévorer des petits garçons pour instaurer une forme de société matriarcale. Dans la culture russe à l’aune des révolutions féministes, les figures comme celles de la Baba Yaga sont petits à petits réhabiliter et réinterpréter afin de rendre hommages à des figures mythiques ainsi les attributs qui leurs été attribuées avant les réécritures et diffusion du patriarcat.


Toutes ces études reposent sur les recherches d’historiennes qui se sont intéressées au « mouvement de déesse » dont le but est l’accentuation des relations entre les images positives et négatives de la femme. La première, soit la déesse, évoque le temps perdu du matriarcat. La deuxième, soit la sorcière, est le résultat d’une perspective homocentrique défigurante. Dès lord, suivant ces lectures il n’est pas impossible de considérer que cette sorcière, si communément considérée comme un monstre de cruauté, serait en fin de compte une victime d’une société qui la mise volontairement de côté. Les contes se sont diffusés à leurs origines par oral, et ce serait donc à ce moment que les premiers attributs (déesse de la nature, de la sagesse, de la vie et de la mort) qui font de Baba Yaga un personnage féminin puissant et mystique, l’ont fait passé du côté du maléfique. 



Et toi, t’étais au courant ?


Il existe même une version marxiste de la Baba Yaga, dans laquelle elle est vue comme une figure oppressive ou tyrannique, surtout dans ses relations avec ses serviteurs et serait étudiée à travers le prisme de la lutte des classes.

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