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Tu aimes trop la littérature, elle te tuera.

  • apollinepetitjean
  • 4 mars 2024
  • 3 min de lecture


(Correspondance, Sand à Flaubert)


Si l’auteur n’est pas ses personnages, c’est parfois en comprenant l’homme que l’on comprend l’oeuvre. Qui était Gustave Flaubert, célèbre monument de la littérature française ?


  • La maladie comme “remède”

Flaubert né à Croisset en 1821, près de Rouen. Après une enfance tranquille, il part étudier le droit à Paris, puis atteint d’une maladie nerveuse, il est contrait de rentrer à Croisset. À seulement vingt deux ans, Gustave Flaubert fait sa première crise d’épilepsie, maladie nerveuse qui le forcera à abandonner ses études de droit. Mais pour le jeune étudiant, cette maladie - qui évidemment, l’épuisera et le fera souffrir - lui permettra de se consacrer à l’écriture, sa passion. En effet, élevé dans la petite bourgeoisie, Flaubert est le fils d’un chirurgien renommé. Son frère, Achille Flaubert, de huit ans son aînée fera aussi partie de cette dynastie de médecin en suivant les pas de son père dans la voix du soin. C’est donc tout naturellement que Flaubert voit ses rêves de littérature s’envoler : il devra être avocat ou notaire, mais surtout pas écrivain.

Alors, c’est quand il tombe malade qu’il peut renoncer en quelques sortes, légitimement, à l’étude du droit pour commencer l’écriture d’un de ses premiers textes qu’il travaillera pendant vingt six ans, L’Éducation Sentimentale.


  • L’art d’aimer les opposés

Flaubert est un homme plein de contradictions : grand romantique, il est l’auteur de l’immense Salammbô, roman historique et lyrique qui prend place au coeur de la première guerre punique. Il écrit Madame Bovary, souvent considéré comme une “bible” de la littérature réaliste, qui vaudra à l’écrivain un long procès - dont il sortira blanchi- pour atteinte aux bonnes moeurs. Mais Flaubert est avant tout un amoureux de la bêtise. Souvent jugé (à tord) comme un auteur traditionnel, trop classique et ennuyant pour ses cathédrales romanesques et ses interminables descriptions, l’Oeuvre, très riche, de Flaubert est aussi drôle qu’étonnante.

C’est au cour d’une conversation avec son camarade puis ami Louis Bouilhet, que l’envie prend à Flaubert la rédaction du Dictionnaire des idées reçues, petit texte dans lequel il s’amuse - et nous aussi - des clichés et stéréotypes de la société française des années 1850.

“ARTISTES Tous farceurs. Vanter leur désintéressement (vieux). S’étonner de ce qu’ils sont habillés comme tout le monde (vieux). Gagnent des sommes folles, mais les jettent par les fenêtres. Souvent invités à dîner en ville. Femme artiste ne peut être qu’une catin. Ce qu’ils font ne peut s’appeler travailler.” (Le dictionnaire des idées reçues).

D’ailleurs, il est toujours incertain d’affirmer si Flaubert voulait publier ce texte indépendamment, ou le rattacher à son roman inachevé Bouvard et Pécuchet qui met en scène deux personnages s’attelant à tous types d’activités, de la critique littéraire à l’archéologie, passant par les sciences, la dramaturgie, la religion celtique, l’astronomie et bien d’autres encore.


  • Flaubert, les ruines d’un coeur ?

Comme beaucoup d’hommes à cette époque (et parfois même dans les suivantes…) Flaubert était reconnu pour être un sérieux misogyne, ne traitant les femmes que comme des objets sexuels, ayant une très mauvaise image d’elles : tout au long de sa vie, il privilégiera l’amitié à l’amour. Mais toute cette animosité envers les femmes naît d’une déception amoureuse : âgé seulement de 15 ans, il tombe fou amoureux d’Elsa Schlesinger qu’il aperçoit sur une plage, une femme de 26 ans mariée avec un homme avec qui elle a un enfant. Loin de partager les sentiments de Flaubert de dix ans son cadet, Elsa représente pour l’auteur la première déception amoureuse. Il dira lui même que cette expérience (qu’on retrouve à travers le personnage de Madame Arnoux) va ”murer son coeur”.

S’il y avait un choix entre l’écriture et l’art d’un côté, et la vie de l’autre, Flaubert fera le choix d’écrire. Au fond, il n’aimait pas la vie : personnage rieur mais morbide, habité d’un passé lyrique et d’un réalisme macabre, il décède d’une attaque cérébrale à l’âge de 58 ans (1880). C’est avec ce portrait que prend sens la phrase de son amie George Sand dans leur Correspondance, “tu aimes trop la littérature, elle te tuera”.



Et toi, t’étais au courant ?

Pour perfectionner sa prose, il arrivait à Flaubert de “gueuler” ses textes, hurlant si fort qu’il s’en “laissait les poumons en feu”. À la recherche constance du mot juste, cette activité prenait place dans un lieu spécifique (dont certains le placent dans son jardin et d’autres dans son bureau) nommé gueuloir, pour lui vérifier la cohérence de ses textes.

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